je voudrais remercier le Seigneur pour sa bienveillance et l'aide qu'il nous a apportées. Car ce que nous avons réalisé est l'œuvre de Dieu qui se sert de simples outils pour accomplir de grandes choses. Le Seigneur réalise son plan d'amour sur chacun sans que nous le sachions ni le planifions. Et maintenant, après 30 ans, je ne peux que louer et bénir son merveilleux dessein.
Pour moi, cette terre de mission a été un grand cadeau qui a ouvert de vastes horizons de fraternité universelle, me faisant prendre conscience des nombreuses réalités de pauvreté matérielle liées à une foi profonde.
Les Frères Mineurs Capucins de la Marche (province d’Italie), déjà presents à Cotonou, la capitale économique du Bénin depuis quelques années, nous ont demandées notre disponibilité pour soutenir leur apostolat au Bénin. Par notre vie de capucines contemplatives, nous les épaulerions par la prière. La communauté de Mercatello, après un long discernement, m'a choisie parmi les cinq sœurs destinées à cette mission comme responsable. Je me suis abandonnée à Dieu avec cependant quelque appréhension mais demeurant confiante.
le 12 août 1993, nous avons quitté Rome pour Cotonou. Le lendemain, à notre arrivée, nous avons été joyeusement accueillies par les Pères Capucins et l'Ordre Franciscain Séculier déjà composés de plusieurs membres. Nous avons donc commencé timidement notre aventure, restant pendant la journée dans la maison des Frères capucins, et, dormant la nuit chez les soeurs tertiaires capucines. Les Frères capucins ont fait montre d’une grande collaboration non seulement en supervisant la construction de notre monastère, mais également en nous aidant à connaître le territoire où nous habiterions.
Le 17 novembre 1993, environ trois mois après notre arrivée, nous nous sommes installées dans le petit monastère composé de seulement 7 cellules, dont l'une nous servait de chapelle, devenant ainsi le lieu où nous passions la plupart de notre temps à faire une adoration eucharistique presque continue. Les sœurs de l'Ordre Franciscain Séculier sont aussitôt venues célébrer les Vêpres avec nous. La prière et la communion fraternelles ont été notre force : chaque matin nous partagions la Parole du jour.
Le 29 septembre 1994, fête des Archanges, après une célébration eucharistique solennelle, présidée par l'archevêque de Cotonou d'alors, Mgr Isidore De Souza dans l'église des Pères capucins, nous sommes entrées dans le monastère, commençant ainsi notre vie monastique cloîtrée. Pour moi, ce fut un grand événement qui m'a remplie de joie et de gratitude faisant disparaître toute larme et nostalgie.
L'église du monastère était toujours pleine le matin pour la messe et le soir pour les vêpres et l'adoration eucharistique. Une grande émotion nous a saisies lorsque, pour la première fois, nous y avons célébré la fête de Sainte Claire le 11 août 1994.
Je garde vivant le souvenir de ce que Mère Marguerite, abbesse du monastère de Mercatello, a fait pour nous dès les débuts de la mission : elle nous rendait visite chaque année et restait toujours avec nous pendant environ un mois. Ce furent des moments très agréables passés avec elle. Elle nous a aidées avec toutes les manières dont elle disposait, tant par des exhortations qu'elle nous donnait sur la façon de vivre entre nous que sur les relations que nous sommes appelées à tisser avec les gens. Ce sont des souvenirs que je ne peux pas oublier. Les premières fois ont été difficiles parce que le paludisme nous affaiblissait au point où nous nous sentions comme des "morts ambulants". Mais ensuite nos corps s'y sont progressivement habitués jusqu'à pouvoir se tenir debout. Mais beaucoup plus dure encore, a été peu de temps après notre installation, l'épreuve du retour imprévu et définitif de deux sœurs venues avec nous pour la fondation nous laissant au nombre de 3. La communauté de Mercatello nous a soutenues en nous envoyant plusieurs sœurs alternativement pendant quelques mois. Chacune apportant ses dons et ses capacités, nous enrichissait et nous aidait dans la formation des jeunes et ce, jusqu'à l'érection canonique qui a eu lieu en 2011.
Par la suite, l'océan, qui s'est rapproché des murs du monastère, nous a fait prendre la décision en 2006 de nous déplacer vers des lieux reculés presque dans la forêt à environ 40 km de la capitale.
Sœur Marguerite, qui est revenue nous aider à cette époque, nous a encouragées à nous dépêcher de construire le nouveau monastère. Et, après une visite sur les nouveaux terrains, elle en fut enthousiasmée. Le 26 octobre 2006, nous avions décidé de célébrer une messe sur le chantier. Mais le lendemain aux premières heures de ce matin du 27 octobre, notre sœur Marguerite nous a quittées!
C'était la quinzième fois qu'elle venait au Bénin tel un chemin de croix qui se terminait par la 15 ème station : la Résurrection.
Ainsi, avions nous commencé à bâtir le nouveau monastère qui, seulement au bout de deux ans a vu le jour. Il fut inauguré le 15 avril 2009 ; la construction de l'Église et de l’hôtellerie s'est poursuivie dans les années suivantes, toujours avec l'aide de nombreuses personnes généreuses, notamment italiennes, parmi lesquelles vous aussi, chers amis, parents et bienfaiteurs, qui continuez à nous suivre et à nous soutenir.
Désormais le monastère est là, dans le petit village de Zinvié, comme une perle de l'amour de Dieu et de sa Providence, une maison de prière pour tous les peuples (Isaïe 56,7). Je le contemple comme un lieu de prière, de louange, d'adoration, d'accueil pour tout le peuple de Dieu. Vivre le charisme capucin clarien en terre béninoise m'a appris que la contemplation est la plus belle et la plus grande évangélisation. Pour cette raison ma « mission » continue maintenant, ici à Mercatello.
Votre sœur Maria Paola de Jésus Eucharistie